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Soins de proximité : le projet « 5 000 Maisons France Santé » d’ici 2027

6 novembre 2025

En France, près de 10 millions de personnes vivent aujourd’hui dans un territoire qualifié de « désert médical ». L’accès à un médecin traitant, à une infirmière ou à un kinésithérapeute relève parfois du parcours du combattant, en particulier dans les zones rurales et périurbaines. Face à cette réalité, le gouvernement a annoncé en septembre 2025 un vaste plan pour créer 5 000 “Maisons France Santé” d’ici 2027, un dispositif destiné à rapprocher les soins du quotidien des citoyens.

L’objectif ? Répondre à la crise de la démographie médicale et faciliter la coordination entre les professionnels de santé sur tout le territoire. Cette annonce s’inscrit dans la continuité des « Maisons de santé pluridisciplinaires » et des « Centres de santé », mais avec une approche plus intégrée et un accompagnement national renforcé.

 

Un maillage territorial inédit

Les « Maisons France Santé » seront réparties dans l’ensemble des départements, avec une priorité donnée aux territoires sous-dotés où les besoins sont les plus criants. D’ici 2027, chaque Français devrait pouvoir accéder à un lieu de soins de proximité à moins de 20 minutes de son domicile.

Selon le ministère de la Santé et de la Prévention, ces structures visent à offrir un guichet unique de santé :

  • consultations de médecine générale et d’infirmiers ;
  • prévention et dépistage ;
  • accompagnement social et médico-psychologique ;
  • coordination avec les hôpitaux de proximité.

Certaines maisons pourront également accueillir un plateau de téléconsultation équipé, permettant de joindre un spécialiste à distance, ou encore des permanences d’assistants médicaux et de pharmaciens.

 

De nouvelles formes d’exercice pour les professionnels

L’un des leviers essentiels de ce projet est la coopération entre soignants.

Les « Maisons France Santé » rassembleront, sous un même toit, des médecins, des infirmiers, des kinésithérapeutes, des sage-femmes, des psychologues ou encore des assistants sociaux.

Cette organisation en équipe pluridisciplinaire permet :

  • de partager les dossiers patients via un système numérique commun ;
  • d’assurer la continuité des soins (par exemple en cas d’absence du médecin traitant) ;
  • d’améliorer la prévention grâce à des actions coordonnées ;
  • de rendre certains territoires plus attractifs pour les jeunes médecins.

À noter que ces structures ne seront pas toutes de création nouvelle : de nombreuses maisons de santé existantes seront labellisées « Maisons France Santé » à condition de répondre à un cahier des charges précis (pluridisciplinarité, horaires élargis, coordination, partage d’informations).

 

Un financement mixte et un accompagnement local

Le plan prévoit un financement croisé entre l’État, les collectivités locales et l’Assurance maladie. L’investissement global estimé avoisine 1 milliard d’euros d’ici 2027, incluant la construction, l’équipement numérique et le recrutement de personnels d’appui.

Chaque maison bénéficiera d’un soutien administratif et logistique pour faciliter son installation, via les Agences régionales de santé (ARS) et les préfectures. Les collectivités pourront proposer des bâtiments publics vacants, comme des mairies annexes ou des anciens collèges, réhabilités pour accueillir ces structures.

Une enveloppe spécifique est aussi prévue pour la formation à la pratique coordonnée, afin d’accompagner les jeunes professionnels dans cette nouvelle culture du travail en équipe.

 

Des services pensés pour les patients

Au-delà de la simple consultation, ces maisons ambitionnent de devenir de véritables pôles de santé de proximité.

Elles pourront héberger :

  • des ateliers d’éducation thérapeutique (diabète, obésité, addictions…) ;
  • des actions de prévention (vaccination, dépistage cancer, santé sexuelle, nutrition) ;
  • des permanences d’associations d’usagers ou de mutuelles ;
  • des espaces dédiés aux aidants et aux personnes âgées dépendantes.

Certaines seront ouvertes en horaires élargis (soirées, week-ends), afin de réduire la fréquentation des services d’urgence pour des motifs non vitaux.

 

Des attentes fortes mais aussi des défis

Le succès du projet reposera sur plusieurs facteurs :

  • la capacité à attirer de nouveaux praticiens dans les zones sous-dotées ;
  • la simplification administrative pour éviter les lourdeurs de gestion ;
  • la cohérence avec les dispositifs existants (Communautés professionnelles territoriales de santé, CPTS) ;
  • et la coordination avec les hôpitaux de proximité, dont le rôle reste complémentaire.

Des syndicats de médecins saluent l’ambition du plan, tout en rappelant que la pénurie de médecins généralistes ne se résoudra pas uniquement par la création de murs : il faut aussi agir sur la formation, les conditions d’exercice et la reconnaissance du travail en équipe.

 

Un changement de culture de la santé de proximité

Au-delà des chiffres, « Maisons France Santé » marque une évolution de fond : celle d’une médecine plus collaborative, territoriale et préventive.
L’idée est d’inscrire chaque citoyen dans un parcours de santé local où la prévention, la coordination et l’écoute deviennent les piliers du système.

D’ici 2027, ces 5 000 maisons pourraient symboliser le virage d’une France qui soigne autrement : moins d’isolement pour les soignants, moins d’attente pour les patients, plus de cohérence dans les parcours de soins.

 

À retenir

  • Objectif : 5 000 Maisons France Santé d’ici 2027 pour garantir un accès aux soins à moins de 20 minutes.
  • Public visé : zones rurales et périurbaines, populations sans médecin traitant.
  • Missions : soins primaires, prévention, accompagnement médico-social, coordination.
  • Enjeu : reconstruire un maillage territorial équitable et durable.

 

Sources officielles :