
Chikungunya : comprendre, prévenir et agir face à l’épidémie
19 mai 2025
Le chikungunya est une maladie virale transmise par des moustiques, bien connue dans les régions tropicales mais désormais aussi surveillée en France métropolitaine et dans les territoires d’outre-mer. Alors qu’une nouvelle vague épidémique frappe actuellement La Réunion, il est plus que jamais essentiel d’être informé sur ce virus, ses symptômes, son mode de transmission et les moyens de s’en protéger.
Qu’est-ce que le chikungunya ?
Le chikungunya est une maladie virale causée par le virus du même nom, appartenant à la famille des Togaviridae. Le terme « chikungunya » provient de la langue makonde, parlée en Tanzanie, et signifie « celui qui se recourbe », en référence à la posture voûtée des patients souffrant de douleurs articulaires sévères.
Comment se transmet-il ?
La transmission du chikungunya se fait principalement par la piqûre de moustiques infectés. Lorsqu’un moustique pique une personne infectée par le virus, il peut ensuite transmettre le virus à d’autres personnes lors de piqûres ultérieures. Il n’existe pas de transmission directe de personne à personne.
Les moustiques vecteurs du chikungunya se développent dans des environnements urbains et périurbains, pondant leurs œufs dans des récipients contenant de l’eau stagnante, tels que des seaux, des pots de fleurs, des pneus usagés ou des gouttières obstruées. La prévention de la maladie passe donc en grande partie par la lutte contre la prolifération de ces moustiques.
Quels sont les chiffres actuels en France ?
La France est actuellement confrontée à une épidémie significative de chikungunya dans son département d’outre-mer, La Réunion. Selon les données de Santé publique France, au 27 avril 2025, plus de 44000 cas confirmés ont été recensés sur l’île depuis le début de l’année, avec une augmentation notable des cas au cours des dernières semaines
Cette épidémie est la plus importante depuis celle de 2005-2006, qui avait touché environ 266000 personnes à La Réunion. Les autorités sanitaires ont activé le niveau 4 du plan ORSEC « Arboviroses », correspondant à une épidémie de moyenne intensité.
En France métropolitaine, bien que le chikungunya ne soit pas endémique, la présence du moustique Aedes albopictus dans plusieurs départements du sud du pays suscite une vigilance accrue, notamment en période estivale.
Quels sont les symptômes du chikungunya ?
Les symptômes du chikungunya apparaissent généralement entre 2 et 7 jours après la piqûre d’un moustique infecté. Les manifestations cliniques les plus courantes comprennent :
- Fièvre élevée (souvent supérieure à 38,5°C).
- Douleurs articulaires sévères, pouvant affecter les mains, les poignets, les chevilles et les genoux.
- Douleurs musculaires.
- Maux de tête.
- Éruption cutanée sur le tronc et les extrémités.
- Fatigue intense.
- Nausées et vomissements.
Dans la majorité des cas, les symptômes s’atténuent en une semaine. Cependant, chez certaines personnes, notamment les personnes âgées ou celles souffrant de maladies chroniques, les douleurs articulaires peuvent persister pendant plusieurs semaines, voire des mois.
Que faire si on a un doute ?
Si vous présentez des symptômes compatibles avec le chikungunya, en particulier après un séjour dans une zone à risque ou en cas d’épidémie locale, il est essentiel de consulter rapidement un professionnel de santé. Le diagnostic repose sur l’évaluation clinique et peut être confirmé par des tests sérologiques ou moléculaires.
Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique contre le chikungunya. La prise en charge est symptomatique et vise à :
- Soulager la fièvre et les douleurs à l’aide de paracétamol (éviter l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens en raison du risque de saignement).
- Assurer une bonne hydratation.
- Favoriser le repos.
Il est également recommandé aux personnes infectées de se protéger des piqûres de moustiques pendant la première semaine de la maladie afin de prévenir la transmission du virus à d’autres personnes.
Comment faire pour éviter le chikungunya ?
La prévention du chikungunya repose principalement sur la lutte contre les moustiques et la protection individuelle. Voici quelques mesures efficaces :
- Éliminer les gîtes larvaires : vider ou couvrir les récipients pouvant contenir de l’eau stagnante autour de votre domicile (seaux, pots de fleurs, pneus, etc.)
- Utiliser des répulsifs cutanés contenant des substances actives telles que le DEET, l’IR3535 ou la picaridine.
- Porter des vêtements longs et clairs pour réduire l’exposition cutanée.
- Installer des moustiquaires sur les fenêtres et autour des lits, notamment pour les nourrissons et les personnes vulnérables.
- Utiliser des insecticides pour traiter les zones infestées.
En novembre 2023, l’Agence européenne des médicaments a approuvé la commercialisation du vaccin Ixchiq® développé par la société française Valneva. Ce vaccin, administré en une seule dose, est destiné aux adultes de plus de 18 ans et offre une protection contre le chikungunya . Il est particulièrement recommandé pour les voyageurs se rendant dans des zones à risque.
Le chikungunya représente une menace sanitaire sérieuse, en particulier dans les régions où le moustique vecteur est présent. L’épidémie actuelle à La Réunion souligne l’importance de la vigilance, de la prévention et de la réactivité face à cette maladie.
La lutte contre le chikungunya passe par une mobilisation collective : élimination des gîtes larvaires, protection individuelle contre les piqûres de moustiques, sensibilisation du public et, désormais, vaccination pour les personnes à risque.
En restant informés et en adoptant les bons réflexes, nous pouvons tous contribuer à limiter la propagation du chikungunya et protéger notre santé et celle de nos proches.
(chiffres officiels du Ministère de la Santé au 5 mai 2025)